« Eloigne toi des kamis, homine ! Ce sont des démons ! Ils te voleront ton âme ! »
Vive sursaute et fixe avec étonnement le guerrier tryker qui l’a saisit par les épaules. Elle ne peut s’empêcher de tourner à nouveau son regard vers le petit être souriant qui lui adresse des gestes sympathiques.
« Il a pourtant l’air inoffensif. Depuis tout à l’heure, j’essaie de comprendre ce qu’il veut me dire.
- Ainsi tu es là depuis longtemps ? »
Le ton se veut plus ferme et moralisateur. Vive soutient le regard de l’homin.
« Qui es tu pour me juger et me dire ce que je dois faire ?
- Je suis plus âgé que toi ! Et je sais manier une épée à présent ! Bientôt, je rejoindrais le continent et j’aiderai notre peuple à renforcer la puissance de notre civilisation. »
Vive sourit, amusée par le sérieux du petit guerrier. Il lui semble qu’il récite des phrases apprises par cœur et il perd tout intérêt à ses yeux.
« Je les aime bien les kamis. Ils sont mignons. Et les disciples de la karavan me font peur avec leurs masques étranges… On dirait des zorais, ils se cachent de quoi ? »
La gifle est partie sans que l’homine ne puisse réagir. La douleur n’est pas très forte mais l’orgueil est blessé. Les traits de Vive se crispent et elle porte la main à la ceinture de sa fine armure beige. Elle en sort une dague grossière et fragile.
« Apprends que l’âge ne te donne pas tous les droits sur moi ! »
Très vite, Vive est dominée par l’expérience de son adversaire. Son arme a volé à quelques mètres d’un seul coup de main du tryker. Il n’a sorti aucune arme et pourtant la jeune homine s’est retrouvée allongée dans la mousse. Le jeune guerrier ne semble pas vouloir se contenter de cette leçon et il se jette sur elle, les dents serrées et la haine dans le regard. Vive ferme les yeux et se recroqueville, appréhendant les coups. Mais quelques secondes passent sans qu’elle ne ressente aucune douleur. Elle rouvre les yeux et se rend compte que son ennemi est en lévitation au dessus d’elle. Elle écarquille les yeux puis comprend. Un grand zorai tient à bout de bras le tryker furibond qui s’agite et écume.
« Tu n’as pas honte de t’en prendre à une petite réfugiée sans expérience ?
- Lache moi zorai ! Cette petite est impertinente. Et tout ça ne te concerne pas !
- Biensur que cela me concerne puisque vos cris m’ont réveillé ! Que t’a fait cette homine ? »
Vive se relève et enlève la poussière de ses épaules. Elle lève la tête vers le masque blanc.
« Je lui ai dit que j’avais peur des gardes karavaniers et que j’aimais bien les kamis. »
Le grand bleu tourne la tête vers Vive et laisse tomber le tryker sur le sol.
« Vraiment ? C’est rare pour une trykette d’être attirée par les kamis. Je te souhaite du courage lorsque tu iras sur le continent. A fairhaven, tu rencontreras beaucoup de ces homins agités, fervents de Jena. »
